Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/177

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lité, son état mis à part, elle était bien changée. J’aurais voulu tenir cet homme pour le déchirer à coups d’ongles !

Après ma pauvre Madge, il me fallut entendre les doléances des uns et des autres à propos de mon départ et de ma santé. Je revins, dès que cela fut possible, dans la chambre de ma sœur. James y entra presqu’en même temps et vint à moi avec une aisance parfaite. Son regard hardi ne se baissa pas un seul instant. Il me fit ses excuses de ce que les fréquentes indispositions de sa femme l’avaient empêché d’aller me voir à Londres. Je fis une réponse très sèche ; cela m’était permis depuis les confidences de Madge.

À mon grand étonnement, il alla, ensuite, à ma sœur, posa la main sur ses cheveux, renversa sa jolie tête en arrière et l’embrassa très affectueusement.

— Ah ! s’écria-t-elle, tu n’es donc plus méchant, James ? Depuis deux jours tu ne m’embrassais plus.

— C’est toi, qui étais méchante, ou qui ne le voulais pas, répondit-il en riant.

Il s’assit sur le bout de la chaise longue et