Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le petit secoua ses cheveux blonds, tourna autour de James d’un air dédaigneux ; il s’approcha de la table et, touchant au verre plein d’eau, il se retourna vers moi :

— Il n’y a pas de sucre ! dit-il en faisant la moue.

James eut un sourire amer.

— Je t’en prie, Henry, sois sage, balbutiai-je ; je vais partir.

J’allai à la porte, un cri déchirant me retint. Le père s’était emparé de son fils et le couvrait de baisers ; l’enfant se tordait pour se dégager.

— Je ne veux pas ! criait-il avec rage, laisse-moi tranquille, toi !

Je m’appuyai à la muraille, il continuait à crier.

— Je veux aller avec Ellen ; Ellen, viens ici !

Je me bouchai les oreilles ; le baby reprit sa liberté et bondit sur moi, il se cramponna à ma robe et se cacha le visage dans mes mains.

— Vous lui avez appris à me haïr ? demanda James, sans colère, d’un accent très doux.

— Non, seulement la mère lui a manqué