Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mistress, continua-t-il, je n’emporte de la fortune qui vous appartient, à vous et à mon enfant, que le prix de mon passage sur le paquebot ; je vais en Amérique pour tenter les aventures : je suis courageux et, ensuite, le travail est une distraction. Nous ne nous reverrons plus. Votre maladie, c’est moi, n’est-ce pas ? Dès que vous me saurez loin pour ne jamais revenir, vous guérirez. La haine s’apaise quand celui que l’on déteste a disparu… que ferais-je chez vous ? Ce métier de tueur de femmes n’est plus possible. Tâchez de vous remarier selon votre fantaisie. Une créature vertueuse doit se marier pour mettre au monde des hommes vertueux. D’ailleurs, je suis tranquille au sujet de mon petit, vous l’aimez, j’ai bien deviné cela, et cela m’a consolé de tout, mistress. Je vous laisse des livres très en ordre, vous ne serez pas inquiétée par les fins de mois, j’ai réglé toutes les notes en retard. Il faut seulement que vous lisiez ce papier devant les ouvriers pour qu’ils soient au courant.

Il me remit une note détaillée de l’état de la caisse et de la situation de chaque ouvrier à l’usine. Il feuilletait son carnet, un carnet tout