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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/102

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Je me plante à califourchon sur une chaise, la même dont Lia, en se roulant, a cassé deux barreaux, et je le contemple.

— Vous êtes prodigieux, mon ami Noisey.

Lui, modestement :

— J’aime beaucoup Julia, vous savez ; alors, je me suis dit que vous, qui êtes au fond un bon garçon, vous emballant si facilement, vous vous emballeriez là-dessus et que vous me tireriez du mauvais pas où vous m’aviez mis. (Sourire très malin.) Un livre un peu plus cochon que les autres, ce n’est pas une affaire pour vous. Ça la dégoûtera des amours pures, elle vous traitera de malpropre, car pour elle tous les hommes… positifs sont des sales, et je serai sauvé : elle vous prendra en grippe.

Je commence à dégringoler de mes sommets tragiques.

Je m’amuse.

— Voyons, Noisey, vous êtes jeune, pas plus bête que le voisin (au moins autant !) et votre femme vous aime… pourquoi redoutez-vous ce caprice… de tête de la part d’une personne honnête qui n’a pas de tempérament ?