Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/263

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nous avons des raisons pour ne pas ouvrir nos fenêtres.

Profitant de la chaleur, la petite esclave d’orient erre nue sous sa robe de tulle, sans vouloir admettre l’usage de la chemise ; pas plus, du reste, qu’elle ne veut admettre le pain comme normal compagnon de la viande.

Elle mange toujours des biftecks absolument crus, et elle mêle du cognac à du Porto pour étendre la saveur d’un muscat imaginaire.

Elle erre nue, elle a raison, elle est bien faite, à la fois si frêle et si forte qu’elle évoque un peu la silhouette d’un garçon de quinze ans, une bizarre idole androgyne, jadis coupable d’avoir suscité des cultes pervers et, aujourd’hui, châtrée, épilée, maudite, enchantée… et enchantant ses adorateurs. Une forme de fantôme, un corps de reine momifié dont les alchimistes de notre époque ont, du bout de leurs pinces profanes, métallisé le sexe.

Pauvre petite esclave d’orient… qui regrette, sans doute, les vigoureux matelots nègres des bords du Nil !

Je ne suis nullement ému par le ridicule