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Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/264

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de ma… de notre situation. Je vais même avouer que je me trouve, de mon côté, très heureux, abominablement heureux. Don Juan agonise en la douleur de ne pas être aimé. Pour la première fois, il entrevoit l’impossible, et cela le rend fier d’une douleur jusqu’alors non ressentie, mais plus féconde en voluptés qu’aucune satisfaction d’amour-propre. Je dois arriver au point de paroxysme si vanté par Jules Hector. Je n’ai plus qu’à fermer les yeux et à frotter légèrement mes paupières pour obtenir tous les spasmes. Toucher le fond du désir par l’excessive possession est un tort ; il faut y aller par la seule puissance d’un refus perpétuel. Or la volonté physique est peu de chose vis-à-vis d’une fille qui, selon l’expression du policier, abattrait ses douze types en une seule nuit.

Que ce soit le tigre ou moi qu’elle aime, nous ne l’aurons jamais entièrement.

Il faut avoir le courage d’attendre.

Surtout quand ce courage est l’égoïsme du plaisir.

Elle est féroce.

Je serai plus féroce encore, et si elle s’en