Aller au contenu

Page:Rachilde - L’heure sexuelle, 1900.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle avait, au cou, un collier d’ambre comme en ont les enfants en nourrice, et ses cheveux se dressaient sur sa tête, tordus selon l’actuelle mode ignoble des femmes des boulevards extérieurs, en un monstrueux phallus d’ébène. Elle ne veut pas abandonner cette coiffure, pas plus que le fameux peignoir transparent, et le bandeau royal subsiste, sous le phallus, comme une nuée ténébreuse d’orage d’où il sortirait plus sinistre.

Elle s’est présentée à Jules Hector, la taille droite, les seins dressés, crevant le tulle et ses yeux dardés de fureur. Elle a conscience d’une injure, mais ne sait pas bien quelle injure.

Hector l’a regardée, très respectueusement.

Puis il s’est tourné vers moi et d’une voix nette, cassante :

— Il faut épouser Madame.

Est-ce une ironie ou une pensée jaillie spontanément de son admiration ?

Elle n’a pas ri et n’a même pas daigné hausser les épaules, selon sa coutume.

— Tu peux t’en aller, chérie. Va dormir.

Elle est partie tout de suite, traînant ses voiles funèbres sans un mot.