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Page:Rachilde - La Découverte de l’Amérique, 1919.djvu/192

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frangé d’or et des trous bleus, d’un azur presque mauve, s’ouvrent subitement dans les brumes, faisant éclore au ciel des fleurs de lumière. À perte de vue, les nuages, la grève neigeuse et les hautes glaces, là-bas, se teignent de pourpre. Une fête inattendue éclate sur ce monde enseveli, perpétuellement couvert d’un épais linceul. Comme tout est transparent et que les aiguilles des grandes banquises se confondent avec l’irréalité des nuées, tout prend à la fois des tons de violences joyeuses pour se communiquer l’incendie d’une apothéose. La glace, la neige et l’eau donnent l’illusion du feu, de la chaleur et de la fumée. Tout s’allume à la torche du soleil. Et voici que d’un bond, l’astre se trouve sur l’extrême limite de l’océan, sur la ligne d’horizon, la rigide, l’infinie corde en verre, si fragile à l’œil et si nettement séparant l’existence du monde habité de son rêve, qui est le ciel désert.

Hereld lâche toute la voile à la liberté