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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/21

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robe, j’entre dans votre voiture… je perds la tête. D’ailleurs, j’ai la migraine, ces soirées dansantes ne me valent rien. Je vous en prie, pardonnez-moi, je vais descendre.

Elle éclata de rire, d’un rire très franc, très fillette, se renversa un peu pour dissimuler l’expression réelle de sa gaîté.

Le cocher, perplexe, attendait un ordre.

Alors elle étouffa son envie de rire, eut une mine grave de matrone qui protège :

— Allez donc, Jean, allez donc ! Je ramène Monsieur chez moi.

Et la voiture partit, fila rapidement au trot du grand diable de cheval noir, du cheval noir des légendes.

Chose incroyable, on échangea des banalités durant le trajet.

— Quelle affreuse pluie ! murmura la femme, étirant le bout de ses gants, ce qui lui ajoutait des griffes pointues. On dirait le déluge ; trois jours que cela dure.

— Un très vilain temps. Nous avons une fin d’automne abominable.

— Assez belle cette fête, hein ! pour un bal de charité ? Très ingénieuse la décoration du buffet, ces fontaines de vin et ces bouquets blancs. Alors vous n’aimez pas la danse, Monsieur ?

— Moi, je ne sais pas danser.