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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/261

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— Mon amant, reprit Éliante d’un ton navré, se tordant, le cœur me brûle !

— Tes lèvres ! Tes lèvres ! suppliait encore Léon, bouleversé par l’horreur sacrée qui semblait la pâmer dans ses bras.

Et il la vit, aux dernières lueurs de la rampe les éclairant de là-bas comme un soleil couchant, mourir d’une joie surhumaine puis renaître, plus forte, plus belle, et plus désolée.

— Oh ! Mon petit ami d’amour, le cœur me brûle ! Jamais je ne guérirai… Je ne veux pas guérir.

— Mon Éliante chérie ! Te voilà revenue ! murmura-t-il, en essayant de sourire. Bonjour, Éliante ! Et ma bouche n’est-elle pas meilleure que les froides amphores d’albâtre, les statues d’ivoire, de cire ou de marbre noir, les vilains couteaux qui mordent ? Je serai aussi doux que vous l’exigerez, Madame ! Je vous attendrai aussi longtemps qu’il le faudra. Je saurai mourir de votre mort joyeuse en souffrant les pires tortures… seulement… ne me parle plus avec ta voix qui sanglote. Cela me fait un mal que je ne puis m’expliquer. Folie ou comédie, ce que je bois de toi sur tes lèvres est un alcool qui pourrait me conduire… où tu es ! Éliante ! Le rideau tombe… Entends-tu ! Il faut nous en aller d’ici ? Mon Éliante ?