Aller au contenu

Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle sourit, se leva, et sa robe de gaze ondula, se tournant en spirale de fumée le long de son corps souple.

Léon, pour ne plus trop la voir, passa sa main sur son visage moite. Il avait décidément le vertige.

— Mes oiseaux ? questionna-t-elle, d’un ton de petite fille qui cherche sa poupée.

— Tiens, c’est juste ? où est ton chapeau ? Excellente diversion ! Ah ! le voilà, sur cette chaise, et voici l’opale pour les attacher.

— Aide-moi, je suis lasse ! Il faut passer l’épingle au travers des oiseaux… si tu veux que cela tienne.

Elle retomba, comme un rideau léger se repliant sur lui-même, et il la garda un moment, pesant tout entière sur ses deux bras.

— Tu n’es pas lourde, ma pauvre chérie ! Naturellement, tu ne daignes pas manger d’une façon raisonnable, parce que c’est vulgaire… et tu bois de l’eau pure… ce qui fortifie !

Elle secoua la tête.

— Je mange des gâteaux, je mange des fruits et je bois l’eau du ciel… mais les nègres ont tué pour moi les oiseaux du paradis, et je dois expier le massacre des oiseaux innocents ? C’est le destin.

Léon, se mordant les lèvres, passa l’épingle