Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/266

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— Éliante, dit-il brusquement, c’est très sérieux. Je veux t’épouser. Partage ta fortune entre la nièce et ton beau-frère, et fais-toi libre, nous vivrons en bohèmes, sans nous soucier du monde. Je serai médecin dans six mois, je le l’affirme.

Elle se taisait.

— As-tu entendu, cette fois, ma bien-aimée ?

— Oui, mais pour t’épouser, je ne peux pas partager mon âge entre mes chers parents… ils n’en voudraient pas, surtout mon beau-frère ?

— Un superbe instrument d’amour comme toi, ça sera toujours jeune, Éliante !

— Et puis, soupira Éliante, je suis paresseuse, il me faut ma voiture, je suis coquette, j’ai besoin de me parer d’oiseaux des îles, je suis gourmande, il me faut des fruits rares, j’ai froid l’hiver, il me faut ma chambre doublée de fourrures. Il faut que je voyage l’été parce que j’ai peur de rester toute seule à Paris, et il faut… par-dessus tout cela, que mes cochers soient très beaux pour inspirer de la jalousie aux étudiants du quartier latin.

— Merci ! On n’est pas plus princesse ! Alors… à la grâce du suicide !… jetons-nous à l’eau. Il fait si bon, ce soir, dis ?

— Non, je préfère le raconter l’histoire des