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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/267

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opales. Écoute bien, et tache d’en trouver la morale : les opales sont des gouttes de feu. Tu as dû remarquer que leur blancheur n’est qu’un masque, une espèce de taie laiteuse posée sur un petit soleil. Elles sont de toutes les nuances de l’arc-en-ciel, mais elles font des efforts pour être ainsi, elles luttent contre quelque chose d’affreux qui pèse sur elles. C’est la malédiction d’un dieu qui leur a interdit de se montrer telles qu’elles devraient exister. Les opales sont des gouttes du feu divin. Elles sont tombées du soleil pendant un baiser qui eut lieu avant la création de la femme. Des dieux s’aimaient alors très purement, mais la femme vint, et elle ramassa les gouttes du soleil, osa s’en faire un collier, des bracelets, des bagues, et les dieux indignés, voyant la femme si belle, descendirent du ciel et lancèrent sur les opales d’autres gouttes d’une essence moins… sacrée que le feu divin dont ils avaient brûlé jusque-là. Est-ce que tu saisis ? mon petit ami d’amour ?

— Ma foi non, riposta Léon, penché sur son épaule et retenant un éclat de rire, car il avait saisi. Cependant, j’imagine que ces dieux-là devenaient probablement des hommes, en dépit de leur violente indignation, hein ?

— Si tu as compris, je n’ai pas besoin de fournir des détails. Et voilà ! Les opales sont des