Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/268

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gouttes de feu divin… en dessous. Mais elles brûlent toujours divinement, malgré leur masque d’infamie, leur hypocrite blancheur laiteuse. Une nuit viendra où un couple de mortels, ou de dieux, retrouvera le secret du baiser pur… et alors elles flamberont, victorieuses, retrouveront la liberté d’être vraiment des gouttes de soleil ! Moralité…

— Moralité, s’exclama Léon Reille, éclatant de rire, madame Éliante m’appartiendra la nuit où flamberont les opales… à moins que nous choisissions un autre moyen, c’est-à-dire une autre morale, qui serait, par exemple, d’augmenter la dose pour éteindre complètement le feu divin. Je deviens obscène, mais tant pis ! Ce n’est fichtre pas moi qui ai commencé. Éliante, tu es folle !

Ils étaient arrivés en présence du Trocadéro.

Le palais des songes, la nuit.

Les deux hautes tours orientales se découpaient, presque blanches, candides comme des bras d’enfant, sur le fond d’azur sombre du ciel et les vagues verdures moutonnant en dessous formaient une vapeur, légères nuées d’apothéoses ayant l’air de supporter tout le monument. Le cercle de lumière de la colonnade mettait un collier de diamants à sa rondeur