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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/293

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votre caisse pour les mettre dedans, où ils se conserveront peut-être quelques années, mais je m’aperçois que ces étoffes sentent le moisi. Elles vieillissent, je ne veux plus les garder chez moi. Les joujoux sont faits pour amuser les enfants.

Missie poussa un cri. Mlle Fréhel joignit les mains :

— Oh ! Madame, y pensez-vous ? Pourquoi nous les sacrifier alors que vous allez encore au bal ? Cela doit être une mine pour la saison des travestis.

— Je n’irai plus au bal, dit Mme Donalger… au moins cet hiver, ajouta-t-elle d’un ton plus sourd.

Léon sourit fièrement.

— Les lauriers sont coupés, murmura-t-il, avec un geste qui fauchait les doigts d’Éliante en train de déplier un grand voile de gaze criblé de perles.

Missie et Mlle Fréhel s’éloignèrent un peu, chuchotant. Il comprenait. Certainement elle avait obéi à sa mise en demeure. Elle partageait sa fortune entre sa nièce et son beau-frère, lequel beau-frère était allé chez son notaire le jour même pour des histoires de paperasses, et, maintenant, elle distribuait les souvenirs de sa vie conjugale aux deux jeunes filles. C’était bien, c’était beau ! Il se sentait fou… Ensuite on fuirait ensemble pour s’aimer !