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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/294

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Et à genoux dans les soieries, tout noir, très souple, vêtu de son simple veston d’étudiant, une petite rose à la boutonnière, sa jeune tête pâle de volupté levée vers elle, tout orgueilleux de son rôle de démon exterminateur, les yeux scintillants du reflet des pierreries, Léon Reille rampa jusqu’à elle :

— Est ce que je ne te verrai pas danser pour moi tout seul ? Est-ce que toi aussi tu ne t’habilleras pas pour que je l’admire ? Pourquoi t’effaces-tu perpétuellement devant moi lorsque mes yeux te cherchent ? Tu ne m’aimes donc plus, Éliante ?

Il priait comme un enfant jaloux, désirant sa part de jouets.

— Tu l’exiges ?

— Oui, je le veux ! Je veux que tu sois ici la plus belle, la plus jeune, et celle que je dois préférer. Si tu ne m’obéis pas absolument, je le battrai, cette nuit, je deviendrai le plus méchant des hommes !

Éliante répondit :

— C’est juste ! j’ai gardé deux costumes. Je les mettrai… quand il faudra…

Mlle Fréhel, au piano, commençait une valse.

Missie vint inviter son fiancé. Ils valsèrent très mal, se disputant, puis ce fut le tour de la dame