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Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/295

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japonaise, mais cela n’allait pas plus qu’avec la dame turque. Éliante souriait.

Léon, de dépit, se jeta par terre, s’écriant :

— Non, à la fin, je ne saurai jamais. D’ailleurs l’homme n’est pas fait pour danser, il a l’air idiot. Je donne ma démission, Mesdemoiselles.

— Il a raison, dit gravement Éliante, arrêtant d’un signe les deux jeunes filles, qui le fustigeaient à coups d’écharpe ; la danse, qui est l’expression même de la grâce de l’amour, ne peut pas concerner l’homme. Fatalement un homme doit regarder danser… puis jeter le mouchoir.

— C’est cela, s’écria Léon enthousiasmé ! Vite, Mesdemoiselles, étendez les nattes, apportez les coussins, éventez-moi, car j’ai bien chaud, qu’on me prépare ensuite mon narghilé, non, mes cigarettes, que Mlle Missie a encore dans sa poche et… je suis le roi, je me repose.

Docilement, les jeunes filles étendirent des burnous, des châles et des écharpes, empilèrent les coussins, et on lui présenta les cigarettes sur un plateau, pendant que Louise Fréhel balançait en des gestes harmonieux un grand éventail multicolore.

— Ça va mieux, bien mieux, déclara Léon, s’étirant sur la mollesse des soieries en face d’un grand tigre mort. Voilà une existence confor-