Aller au contenu

Page:Rachilde - La Jongleuse, 1900.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Hypnotisé, le jeune homme regardait toujours.

— Voilà, ça m’a fait le même effet, à moi aussi… Pourtant, il n’y a pas d’erreur, vous savez, c’est Éliante Donalger, ça !

— Oh ! murmura le jeune homme, ce n’est pas possible.

— On lui donnerait deux sous, hein ?

— Taisez-vous donc ! supplia Léon Reille.

La femme dansait.

Mais cette danse non plus ne ressemblait à rien de connu, de déjà vu sur un théâtre ou sur les tapis d’un salon. C’était le poème vivant et souffrant d’un corps tourmenté de passions bizarres. D’abord, le boléro par un continu et singulier mouvement de hanches, de reins et d’épaules se mit à monter, à descendre le long du dos, il suivait les plis de peau, et ces petits gestes invisibles qui le faisaient s’ouvrir, ou se fermer sur les seins comme les deux battants d’une de ces petites armoires dyptiques, d’un de ces tableaux clos où l’on serre les icônes, étaient curieux, sinon effrayants, cela ne paraissait pas naturel, et cela restait bien simple, mais on ne s’expliquait pas pourquoi cela troublait abominablement. Il y a des insectes qui font cela très longtemps avant de s’envoler ; ils ouvrent et ferment leurs ailes, on aperçoit dessous des élytres transparents ou les organes