Page:Rachilde - La Tour d’amour, 1916.djvu/158

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— Cette idée ! Pensez à moi… je vous donnerai du lilas pour emporter.

« Vins… et lilas à emporter ! » Une bien bonne enseigne sur leur porte.

Je lui saisis brutalement les poignets :

— Si tu te doutais du mal d’amour, toi, tu serais plus si gaie. L’amour ça conduit à des choses abominables.

— Tiens ! On a qu’à pas les faire, v’là tout. Moi je suis têtue.

— Marie ?

— Hein, quoi encore ?

— Regarde-moi bien.

— Je vous regarde, là…

Nous demeurâmes silencieux, les mains dans les mains. Elle me regardait fixement, d’un regard de garçon effronté, — elle était vraiment plus garçon que garce, — mais elle acceptait le premier défi d’amour, parce que, depuis que son amie, la petite Tréguenec, de deux ans plus âgée qu’elle, avait fauté, elle grillait d’envie de résister à quelqu’un. Une drôle