Page:Rachilde - Le Dessous, 1904.djvu/229

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— Je m’occupe de toi, d’abord, car, moi, je n’ai plus d’appétit depuis longtemps. Tout ce que je mange a le goût de la terre.

— Ne te reste-t-il pas le goût de la volupté ? Ou as-tu peur que je défaille dans tes bras ?

Flora reposa la lanterne sur le sol.

— Comme ça, donc ? Sans dîner… Ful ?

— Le festin d’amour, oui, le seul où je puis m’enivrer pour oublier… ta mort et ma vie.

Ils retombèrent enlacés sur le petit lit de sangle, si dur !

Le lendemain, à l’aube, une aube douce et claire après une nuit très fermée, une nuit sans étoiles, Flora se releva sur un coude, le regarda dormir à ses côtés. Il dormait en petit enfant qui a retrouvé sa bonne mère, la Volupté, il dormait très pâle et très maigre, malgré un léger souffle qui gonflait sa poitrine d’un nouveau plaisir de vivre. La chambre était remplie de l’aurore qui entrait par tous les trous de la toiture. Toute la pauvreté de ce logis bizarre éclatait de couleurs naïves. On eût dit un ménage d’enfant. Des petits plats, une petite terrine, un verre, des petits brins de bois coupés menus pour la flambée dans un âtre de sauvage fabriqué maladroitement par