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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/115

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rettes sans même penser à l’ouvrir. Qu’est-ce que c’est, d’abord, que M. Yves de Pontcroix ? Nous ne le connaissons pas du tout.

Naïveté ou insolence, la phrase tomba comme une pierre dans l’eau et éclaboussa le notaire qui se tenait en strict équilibre sur le bord de cet abîme. Cela le scandalisa, intérieurement, parce qu’il connaissait, lui, ses clients depuis des siècles et, chargé des pleins pouvoirs du dernier marquis de la famille, il n’en revenait pas ! Oh ! ces artistes, ces parisiens de la turbulente rive gauche, d’où sont sortis tant de clercs de notaire, d’étudiants de l’avocasserie complètement indignes de la vie sérieuse, mais tracassiers, chicaniers en diable, dangereux…

Me Mahaut de Saupré avala sa salive et répliqua, non sans une certaine morgue :

— Les Pontcroix sont bretons, monsieur, depuis les croisades ! Et le dernier survivant que, grâce à Dieu, l’horrible grande guerre a bien voulu nous rendre, est le quarante-deuxième du titre depuis le règne de Godefroy de Bouillon, premier roi de Jérusalem.

— Tiens ! Tiens ! fit Michel se renversant en arrière. Et comment le savez-vous ?

L’étourderie voulue du jeune homme amena