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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/136

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le railleur Michel écoutaient, agréablement surpris, cette voix dont les inflexions un peu gutturales s’étaient subitement adoucies jusqu’aux tendresses de l’extase.

— … Les nuits bretonnes sont divines parce qu’elles contiennent à la fois la force d’une terre sous laquelle se cache le granit noir dont on fait les belles pierres tombales, et la douceur des légendes, des chansons mélancoliques, dont on subit l’emprise sans pouvoir se les expliquer ! Ce qui s’explique, Marie, est tellement inutile à la joie de vivre ou à la douleur de mourir ! La femme ouvrit cette fenêtre et crut se précipiter dans les bras d’un amant enfin retrouvé. L’oiseau monstre était-il son fantôme ? Les vampires sont-ils des morts désespérés qui ont, eux, la puissance de chercher dans une ivresse nouvelle, l’oubli de tous leurs désespoirs ?… Les grandes ailes mouvantes, à grands coups d’éventail, bercèrent l’agonie de la belle condamnée pendant que l’amoureux bourreau, le bec enfoui dans sa poitrine, lui buvait le sang jusqu’au cœur.

— Oh ! s’écria Henri Duhat, le jeune médecin, se levant pour aller prendre sa coupe sur un guéridon, vous êtes atroce, mon cher ! Ceci