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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/171

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transformation complète ou… la mystification qui continuait, mais combien plus agréable ! Yves de Pontcroix était tendre, d’une tendresse absolument respectueuse. Il avait su demander pardon. Il embrassait les mains qu’on lui abandonnait avec un très visible effort pour ne pas les mordre ; cependant il y arrivait, et quand ses yeux brillaient de leur terrible luminosité fixe, il les éteignait en baissant les paupières. Cette partie de l’époque des fiançailles fut un rêve nouveau pour Marie, car le grand oiseau noir s’était envolé de devant sa fenêtre et il ne demeurait plus, de son souvenir néfaste, que le doux froissement d’éventail de ses ailes ou, mieux, l’illusion de l’avoir absolument apprivoisé.

Michel n’avait pas parlé de son entrevue orageuse qui lui avait laissé, à lui, un léger trouble. Il avait joué pour gagner le bonheur du moment et non pour s’assurer un avenir plus sérieux. Et amateur du qui vivra verra il n’insistait pas sur les moyens à employer pour donner au jour le jour le plus de chatoiements possibles. D’ailleurs, quel est le terrible pécheur que l’amour ne convertit pas ?

Marie se laissait conduire par l’expérience un