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Page:Rachilde - Le Grand saigneur, 1922.djvu/274

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monde nouveau… que nous ne repeuplerons pas !… Marie, j’ai été violent, grossier, cela est possible. Je ne m’en souviens plus du tout et vous l’oublierez parce que la vie commence aujourd’hui. Vous m’aimerez, tu m’aimeras parce que tu m’as vu tel que je suis, ou que je veux être, quand mon masque est tombé. Pourquoi ne me comprendrais-tu pas, toi, qui peux si facilement reconstituer un visage d’après ses apparences ? Pourquoi aurais-tu le dégoût de celui qui t’a voulue tout entière, légitimement, pour ne pas t’offenser ou te désespérer ? Je ne suis pas fou, Marie, et mon amour, à moi, est d’une essence un peu plus rare que celui des humains, parce qu’il ne finit pas. La satiété ne le menace pas. Il n’a pas le but ridicule de la procréation. Il faut laisser ce soin à nos domestiques. La procréation est un usage de basse-cour ou d’étable, et elle fournit assez d’esclaves pour que les gens libres ne s’en occupent pas. Je ne crois pas que, maintenant, ceux qui sont doués de la faculté de réfléchir puissent songer à préparer, le plus sérieusement possible, de nouvelles hécatombes. Il n’y a pas d’autre raison aux grandes guerres que… le surpeuplement. Quand ces idiots-là sont trop, ils s’entre-