Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/106

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Faites-lui contempler les premières joies de la vie éternelle.

— Ah ! par ma chienne Méréra, s’écria le chasseur hors de lui, qu’on fasse taire cette nonne ! Ce bruit d’oraisons me rend fou ! N’entends tu pas qu’elle nous récite la prière des agonisants ? Avons-nous donc envie de mourir ?

Basine fit gravement :

— Nous sommes dans la maison de Dieu. Nous ne songeons qu’à notre salut, nous, les filles de Dieu. Mais voici que le coq chante l’aurore et bientôt ce sera l’office. Il faut partir, petit berger, toi qui ne penses qu’à l’amour.

— Encore un moment, Basine, supplia le pauvre Harog rempli d’une soudaine amertume. Mon cœur bat trop vite. J’étouffe et je crains de me rompre les os en sautant le mur.

Il ajouta, s’accrochant à sa robe :

— Donne-moi un gage, un morceau de ton voile, le lien de ta sandale. Je vais être bien seul sur la terre, où tu ne seras pas, maintenant.

— Tu as ma lettre.

— Reprends-la. Elle me brûle ! Oh ! ces nonnes qui parlent de mort quand la nuit est si douce ! Basine, que veux-tu faire de mon corps puisque tu m’as ôté le cœur de la poitrine ? Comment irai-