Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/108

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― Tu aurais bien trop peur de me faire du mal ! Toi, tu n’es qu’un berger… tueur de loups ! Va-t’en. Si tu demeures ici pour tenter quelque violence, on me murera toute vive dans ma cellule. (Elle fit un pas en arrière, lui lança au visage le galon doré qui avait lié sa lettre.) Et tu ne me verras jamais plus, de tes yeux déjà crevés par la lumière de mes yeux !

— Qu’exiges-tu de moi ? Dis-le, au moins, fille de tous les enfers ? Est-ce à une religieuse occupée de son salut de passer la nuit en compagnie d’un homme, berger ou tueur de loups !

— Je te demande de nous procurer des gens d’armes et des chevaux.

— Tu m’as appelé pour cela seulement ?

— Seulement pour cela.

Il brandit le poing, puis ferma les yeux. Il sentait vraiment du sang couler de ses prunelles ardentes. Est-ce qu’elle lui avait lancé une flèche en même temps que ce galon doré ? L’air s’était-il embrasé tout à coup comme sous le fouet de l’orage et un éclair venait-il de l’aveugler ?

— Adieu, Basine, cria-t-il, ivre de colère, je m’en vais apprendre à livrer bataille. Tu es bien belle, mais je serai le plus fort et je te verrai pleurer. Par ma chienne Méréra, je te le jure !