Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Harog retrouva son agilité coutumière devant le danger naturel de la descente. À l’angoisse de plonger son regard dans les abîmes des yeux de Basine il préférait le vertige du haut des terrasses. Tous ses nerfs de chasseurs en éveil, il glissait, butait, se suspendait, au hasard des aspérités ou des touffes de ronces, palpant du pied les trois blessures de la muraille, cessant de respirer quand roulait un caillou. Il emportait une déclaration de guerre au lieu d’un serment d’amour, mais il sauvait la fille de Chilpéric des sévérités de l’abbesse. Avait-il songé sérieusement à la violenter ? Non. Il avait eu peur d’y songer et cela le faisait fuir comme il aurait fui en présence de Satan lui-même. Un sentiment nouveau venait d’éclore dans une âme jusque-là très obscure. À cette aurore de printemps pointaient peut-être les premières lueurs d’un idéal qui devait, plus tard, illuminer de grâces folles et de puériles superstitions toute l’aristocratie d’un peuple.

Ce sont les bergers qui découvrirent le monde formidable et charmant des étoiles. C’était un berger qui accomplirait le premier exploit chevaleresque en l’honneur d’une noble dame parce que les bergers furent toujours des poètes. Mais Harog ne comprenait rien à son aventure, sinon qu’il se