Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/111

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découvrait à la fois malheureux et fier de son malheur. Une subite soif de luttes s’emparait de sa nature ordinairement prudente. Il voulait se battre. Contre qui et pourquoi ? Peu lui importait. Se battre pour le plaisir, pour le désir irrésistible qu’il avait d’étonner une femme. N’étant pas fils de roi, il lui fallait bien affirmer sa bravoure autrement que par des peaux de loups. Il irait chercher des gens d’armes, des chevaux, se formerait une petite armée sans routiers à sa solde, c’est-à-dire que ces gens d’armes à lui ne seraient point des soldats, ils serviraient une cause libre pour l’unique besoin que certains êtres ont d’entrechoquer des fers et de ; pousser des clameurs. Il savait où dormaient encore ces mécontents de toutes les races. Un pareil matin il irait les éveiller de leur long sommeil. Ne possédant aucune fortune, Harog saurait cependant prononcer les mots qui enjôlent et intéressent. Il leurrerait les hommes, entraînerait les chevaux avec des promesses de gloire, de vains bruits de lèvres. Il y a toujours un moment où les créatures de Dieu suivent quelqu’un qui leur siffle un air inconnu, et Harog avait déjà remarqué que le son aigu de certaines trompettes portait au courage inutile…

De tous les coins du monastère, les coqs chan-