Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/117

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gneur directeur de la maison de Radegunde, recommandait la patience vis-à-vis des mutinées, le rappel aux saintes règles par de pieux enseignements, elle lirait donc ce grimoire.

Toussant encore et lissant le vélin d’un geste résigné, elle jeta un regard autour d’elle. Les nonnes, plongées dans une immobilité respectueuse, n’avaient même pas l’air de s’inquiéter du manuscrit. Les prières dites, elles songeaient qu’il faisait chaud et qu’on était mieux là qu’au jardin, en plein soleil.

De ses yeux fouilleurs, un peu rougis aux bords, l’abbesse paraissait chercher quelqu’un. Elle avait toussé plusieurs fois pour se donner le prétexte d’attendre. Maintenant, elle devinait qu’on ne viendrait pas. Ces religieuses-là, toujours à chuchoter dans les angles obscurs, s’affranchissaient de plus en plus des coutumes de soumission et d’humilité.

— Isia, dit enfin la dame Leubovère d’une voix forte, sais-tu où sont allées tes sœurs Chrodielde et Basine ?

Un lis, plus frêle que les autres, se détacha du bouquet de jeunesse et, en inclinant doucement le front, répondit :

— Ma mère, nos sœurs Chrodielde et Basine sont retournées dans leur cellule.