Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/13

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Il déroula vivement la corde, qu’il n’avait point lâchée, sur les sept têtes poilues qui reçurent, du coup, une égale punition, puis se baissèrent en signe de repentir.

Maintenant, il fallait chercher le gué ou camper là et y rester peut-être jusqu’au jour.

Harog et Ragnacaire tinrent conseil pendant que les chiens feignaient de dormir.

Pour atteindre la résidence du grand chef Neustrien, il fallait traverser la rivière un peu au-dessous du chemin direct parce que le gué devait s’y trouver, semé de pierres plates consolidées par des lances fichées dans le courant.

C’était le gué de Chelles, en Marne, que les soldats avaient arrangé à cause des fréquents passages de chariots ramenant des armes ou apportant des provisions.

Ragnacaire essayait de percer l’ombre de son regard trouble. Harog, sans rien examiner, comprit que les lances étaient allées à la dérive, les pluies de l’automne grossissant tous les fleuves.

— Il faut manger, dit-il de sa voix impérieuse.

— Il n’y a plus de porc, fit Ragnacaire, secouant la tête.

Les galettes de blé au miel fondaient dans la besace ruisselante qu’il portait et il continuait à