Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/134

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en cela grand nombre d’évêques et de moines du temps, très férus de la liberté de l’Église.

Chrodielde, voyant rire les nonnes, eut un mouvement d’impatience.

— Taisez-vous, dit-elle, toute sa fougueuse nature se masquant d’une gravité presque impériale. Nous ne sommes pas ici pour nous moquer de quelqu’un qui commande mais pour lui prouver qu’il se trompe en nous donnant des ordres. Écoutez-moi, ma mère, et vous, mes sœurs, tâchez de bien saisir nos intentions qui n’ont rien de criminel. Vous venez de nous lire un pieux message dont nous devons faire notre enseignement, mais vous ne dites pas très exactement pour quelle femme il fut écrit. Mes compagnes, trop jeunes pour connaître toute la vie de notre première abbesse Radegunde, n’ont pas eu le loisir d’étudier tous les manuscrits de nos coffres, beaucoup ne comprenant pas l’écriture latine. Elles savent que la dame Radegunde est morte en odeur de sainteté et elles ignorent pour quelles créatures d’élection, plus ou moins profanes, ce couvent fut bâti sur l’emplacement d’une ancienne maison romaine, un palais, agréable lieu de repos pour les grands de ce monde ayant renoncé à la grandeur temporelle, mais point aux jouissances spirituelles. Écoutez-moi, mes sœurs, et soyez