Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/15

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Tous les chiens se levèrent en tumulte, aboyant, pleins d’une ardente résolution.

— Gombaud ! Là ! Gerbaud !

Ragnacaire les réunit en troupe serrée pendant que le berger Harog tressait la corde autour des colliers pour qu’elle ne se prît pas à leurs jambes. Ils firent un attelage de trois de front, de trois d’arrière-train et, serrant encore davantage tous les nœuds, le conduisirent jusqu’à l’eau, descendant eux-mêmes bravement sans choisir l’endroit. Méréra, le septième chien, qui était une chienne, bête plus claire de poils, de plus tranquille allure, regardait les maîtres avec inquiétude. Elle traînait un peu le ventre, qu’elle avait fort gros, étant sur le point de mettre bas, et elle se plaignit d’une façon lamentable. Harog sauta sur le dos des premiers chiens qui commençaient à perdre le fond. Il s’étendit en travers des trois robustes échines, siffla. D’un bond, Méréra vint s’étendre à ses côtés, et Ragnacaire, fermant la marche, poussa les derniers, tout en se cramponnant aux queues.

Vers le milieu de la rivière, on faillit chavirer à cause de la couronne de menthe. Les chiens se la disputèrent, n’avançant plus, donnant des coups de gueule, se rendant les morsures et buvant malgré eux. On tourna au remous. Ragnacaire flottait, en