Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/153

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mais elle tenait, ce jour-là, au cérémonial. Les longues franges de son manteau l’embarrassaient aussi, charriant des herbes ou des épines, cependant l’abbesse Radegunde ayant prescrit le manteau en l’honneur de la messe, elle venait à son évêque dans cet apparat pour le mieux disposer aux confessions solennelles qu’elle devait lui faire.

Soriel partit, l’abbesse eut un mouvement d’humeur en s’apercevant que ses genoux étaient marqués, boueux ; dans le milieu de sa jupe blanche, cela formait deux taches brunes ombrant les broderies d’argent.

— La bête, songea-t-elle, qui m’ôte des herbes sèches et ne distingue point que je me suis mise à genoux dans la boue de l’enfer !

Comme elle s’impatientait de ces détails, elle oubliait un peu ce qu’elle voulait dire et, lorsque Marovée en personne lui ouvrit sa porte, elle se confondit en protestations d’humilité, répétant des phrases puériles où le bonheur des saints alternait avec l’inutilité de renouveler le luxe de ses vêtements quand le blé levait mal.

L’évêque Marovée souriait finement de ses lèvres minces, l’écoutant la tête penchée à droite par le poids d’un bonnet d’écarlate. Il était vêtu de blanc à l’image de ses jeunes clercs et sa tunique froncée