Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/173

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— Nous y serons ! A og ! rugit Ragna, soudainement joyeux.

Méréra eut un aboi de satisfaction, devinant que le maître approuvait son manque de respect. De loin, hors de la grotte, on entendit clamer six gueules vigilantes. Toute la troupe, à l’unisson, se félicitait de vivre. Harog, ses mèches noires emmêlées aux longues soies pâles de la chienne, semblait réfléchir.

— Nous arriverons près du camp dans le moment où les soldats prennent leur nourriture, expliqua-t-il, suivant son idée pendant que Méréra battait de la queue et faisait voler le sable. Les gardiens ne s’occuperont plus de leurs bêtes. Alors, nous approcherons…

— Nous étranglerons les gardiens et nous nous emparerons de quelques bons chevaux, déclara Ragna triomphant.

— De tous les chevaux ! fit Harog vivement. Il nous les faut tous.

Bouche béante, Ragna admirait son chef, car ce berger sorcier était vraiment né le chef. Comment, à leur tour, pourraient-ils nourrir tous ces chevaux ? Le gardeur de porcs n’osait pas le demander, mais il pensait bien que cela mûrirait en son temps.

— Je vais donc préparer nos provisions, dit-il,