Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/198

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diants, contemplaient Harog avec soumission. Cet homme jeune, dont les regards étaient plus sombres que la nuit des sapins, les étonnait parce qu’il marchait sans armes en leur présence, simplement suivi d’une chienne. Ragna leur faisait peur. Il portait un harnais de guerrier, prenait des poses héroïques, les jambes ornées de lanières jusqu’aux cuisses, une hache passée dans son sayon de bique, un bouclier d’airain extrêmement lourd au bras et ne s’asseyait plus à terre, craignant de salir ses objets éclatants. Les sept chiens, postés en avant-garde, veillaient sur les sentiers battus, ayant l’ordre de prévenir leur maître dès qu’ils sentiraient l’ennemi… Pour le moment, la bizarre petite armée ignorait l’ennemi. Elle ne possédait aucun soldat dans ses rangs disparates, ne pouvait pas lutter contre des bandes régulièrement organisées, pourtant espérait bien qu’un de ces meneurs campés fièrement devant elle la conduirait à un pillage fructueux où il y aurait peu de risques et beaucoup de gain.

Le soir tombait ; les troncs des gros sapins rougissaient aux reflets du soleil couchant, laissant la nuit de leurs branches impénétrable. Des rayons se glissaient obliquement, sortant pour ainsi dire de la terre, fusant en jet écarlate sur le tapis des aiguil-