Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/211

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Une autre voix grondante s’écria, c’était Boson-le-Boucher :

Nous reviendrons à la terre !
Ayant pris le blé,
Ayant bu le vin,
Nous reviendrons à la terre !

Et Brodulphe-le-Bel-Esclave termina ce chant barbare par ces mots qu’il jeta furieusement comme une menace :

Mère, nous voici, nous frappons !
Ouvre pour le blé,
Ouvre pour le vin,
Mère, nous voici, nous rentrons.

Ce n’était ni le chant guerrier franc, d’allure dansante, ni le cantique latin évoquant à la fois les douleurs de la vie et les peines éternelles, mais bien un fragment d’un ancien bardit gaulois, l’un des premiers hymnes druidiques constatant joyeusement l’immuable fatalité. On naissait, on mangeait, on buvait et on mourait. Fils de la terre on rentrait dans le sein maternel, lui rapportant fidèlement tout ce qu’on en avait reçu.

Pendant que Brodulphe criait cela, outrageant des ennemis inconnus, Harog s’était élancé sur le dos de la Pierre et, saisissant des sacs remplis de viande, ils les avait éventrés.