Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/221

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complètement désert. Il y régnait partout un silence mortel.

— Je suis, répondit Ragna, un soldat de Chilpéric envoyé vers toi avec l’ordre de te présenter les vœux d’un père pour sa fille. Si tu ne peux me laisser parler à Basine à cause de la règle, permets-moi seulement de lui faire mon salut derrière la grille de sa cellule. Je n’apporte rien de défendu et s’il te convient d’ordonner qu’on me fouille…

— Je ne tiens pas à savoir ce que tu apportes, grommela Leubovère, hostile à tout message royal. Soriel, ma servante, va te fournir de quoi te reposer, puisque tu arrives de loin.

L’abbesse désirait, elle aussi, gagner du temps. De ses petits yeux rougis elle vrillait le grand soldat, cet homme robuste aux armes imposantes. Il fallait cependant lui répondre.

Ragnacaire ne se souciait pas de passer devant la servante Soriel, qui le connaissait mieux que Leubovère, lui ayant jadis payé ses gages. Il fit le délicat.

— Abbesse, je n’ai point besoin de me reposer. Il me faut voir Basine sur-le-champ, car mes compagnons sont pressés. Nous ne pouvons différer notre départ pour le camp. Tu me fais un honneur que je ne mérite pas. Je ne te demande qu’une