Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/229

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Alors Ragna, dont les oreilles bourdonnaient, entendit très distinctement une voix l’appelant du fond des entrailles du sol.

— Où vas-tu ? Si je prends mon épée qui est la foudre, si je prends en main le jugement : je me vengerai de mes ennemis et je leur rendrai haine pour haine !

Il perdit le peu de raison qui lui restait et bondit comme un lion en vociférant des blasphèmes.

Une servante arriva, grande fille maigre à tête rase, de visage triste.

— Tu as troublé les prières de notre recluse, l’homme d’armes. Que te faut-il ?

— C’est une nonne qui m’a parlé, Soriel ?

Il avait reconnu l’esclave favorite de l’abbesse, cette étrange créature qu’on aurait prise pour un homme tant elle était forte.

— Tu sais mon nom ? dit Soriel étonnée, et elle se mit à examiner attentivement Ragna.

Il balbutia, très embarrassé :

— Où est cette recluse qui parle du fond des tombes ?

Soriel haussa ses robustes épaules et, désignant la muraille d’enceinte :

— Là, et s’il plaît à Dieu elle rachètera en jeû-