Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/24

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de lune. Cela remuait comme un très léger animal. Au bout d’un temps qui lui sembla éternellement durer, il vit que c’était une main.

La main tirait le pan de cuir pour protéger, contre la violence du vent, une figure qui ne daignait pas se pencher davantage.

Cette main, de l’endroit où se trouvait Harog, paraissait à la fois toute petite et fort puissante, si puissante qu’elle avait l’air de tenir toute la maison du roi dans le pli du rideau.

Pourtant ce n’était pas une main d’homme, car elle rayonnait de la même blancheur que le corps de la fille nue.

Harog eut l’idée de sortir, d’aller au secours de cette malheureuse. Méréra hurlait à fendre le cœur et il lui lança un coup de pied, lui qui aimait passionnément ses chiens. Harog se sentait malade, prêt à rendre son âme dans des convulsions de dégoût.

— L’air n’est pas bon ici ! répéta-t-il, ne sachant plus trop ce qu’il disait.

Détachant son regard troublé de la vision qui lui donnait le vertige, il revint à ce que faisaient les soldats et il fut humilié de se sentir un homme parmi d’autres hommes capables d’agir ainsi.

Au milieu d’une ronde abominable de ces lourds