Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/26

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Ragnacaire, qui, espérant se rendormir, se tourna vers la muraille.

— Laisse hurler la chienne, Ragna, dit le berger, elle en a le droit, cette nuit. Notre devoir est de réveiller le chef.

— Og ? Le roi part en guerre, cria Ragna, se levant joyeux et secouant sa tignasse ébouriffée comme une touffe de gui, je le suivrai jusqu’à la mort. Og ! A… us ! j’ai bien mangé, la viande était tendre… Où sont les armes ?

— Nous n’avons pas à suivre le roi, fit Harog, les yeux étincelants de colère. Par l’herbe des douleurs que je conserve sur ma poitrine avec mon dernier bien (il tira brusquement son couteau), je jure de ne suivre trace royale que le matin où j’épouserai ma chienne ! Que je sois maudit si je prends jamais femme au service de ce chef qui ne peut protéger la nudité des filles ! Nous sommes dans la maison de la honte, Ragnacaire.

Et, d’un grand signe de croix, Harog fendit l’espace, qui brilla comme en temps de foudre parce qu’il brandissait une lame merveilleusement aiguisée.

— Og ! A… us ! gronda Ragnacaire tout étourdi. Que se passe-t-il, berger ? Tes yeux ont-ils vu l’enfer ? As-tu la fièvre ?

— Sortons, Ragna, et dispersons les loups ! Le