Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/320

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ne nous entendons pas mieux, nous les chefs ? Si toi, le plus sage, tu nous abandonnes ?…

C’était la première fois qu’elle attestait sa suprématie, au moins dans la vertu.

Il riposta durement :

— Les castrats sont-ils faits pour gouverner, Chrodielde ?

Elle se mit à rire de bon cœur.

— Tu as de la mémoire, Harog. Mais les femmes de mauvaise vie n’attachent guère d’importance à certaines injures… Or, je sais que tu m’as traitée de telle en parlant à Basine.

Harog tressaillit. Il avait en effet dit cela, mais Basine était folle de l’avoir répété.

Il se taisait, les yeux de plus en plus brillants, couvant le feu de sa colère.

— Tu as peur de moi, une créature de mauvaise vie, Harog ?

— Je n’ai pas peur de toi. Seulement tu es parente de celle que j’aime au-dessus de mon honneur… de mon bonheur !

— Tu l’aimes et tu la respectes, celle-là, fit-elle d’un accent amer où tremblait soit le sanglot du remords, soit la fureur de la jalousie sexuelle.

— Je suis ici pour te dire qu’on fouette encore une femme dans l’église de Marovée, gronda le