Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/342

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plus sages, de la naïve sagesse qui ne connaît point l’ambition…

La croix du monastère de Radegunde éclairait bizarrement la nuit réfléchissant la clarté bleue des étoiles. Ses bras pâles s’élançaient vers le ciel comme une colossale formule de toutes les prières, de tous les espoirs. Elle avait abrité, sous ses ailes de pierre, Basine, une fille dont les prunelles vertes, bleuissant quelquefois quand elles se fonçaient dans une expression de colère, recélaient de ces clartés troublantes venues de l’azur des paradis et reflétant la verdure des forêts à l’ombre desquelles se perpétue l’espèce des louves cruelles… Comme il avait désiré, pourtant l’amour de cet ange glacé, cet ange de cire plus insensible que la grande croix de pierre !

… Maintenant couché dans le sable, sous la grotte, il tenait captive près de lui cette brune Chrodielde, cette fille dont les prunelles noires noyées de langueur procuraient des frissons d’agonie… Elle était aussi belle, aussi savante, moins cruelle peut-être, faisant si facilement le sacrifice de sa chair !…

Chrodielde soupira.

— Je voulais te voir, et la nuit ne me laisse déjà plus distinguer tes traits, Harog ?