Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/360

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tère, où je lui ai creusé moi-même sa sépulture.

— Ragna est mort ? s’écria Basine, joignant ses mains au-dessus de sa tête. Et tu l’as tué, cruel tueur de loups, parce qu’il était le favori de Chrodielde ?

Les prunelles de l’ange de cire étincelèrent d’un feu vert qui fonça, devint presque noir comme l’acier bleuissant dans la morsure des braises.

Harog ne répondit point. Il se dirigea vers la porte qu’il verrouilla.

— Maintenant, dit-il, le sort en est jeté. Harog le tueur de loups va s’amender, le front dans la poussière, et il me convient que tu sois témoin de son humiliation, toi que j’ai trop hardiment sollicitée d’amour.

Basine le suivit au milieu du jardin, bouleversée d’affreux soupçons. Il lui avait toujours semblé naturel de ne pas se donner au jeune homme, mais selon sa vision spéciale des choses de l’amour, Harog ne devait pas se donner non plus à une autre. Harog, son fidèle serviteur, était son bien comme la chienne Méréra était le bien d’Harog. Et il lui revenait mille souvenirs cuisants : l’insolence de sa cousine, la tenue singulière du berger fuyant à la chasse des jours entiers, l’abandonnant à la garde des servantes, la nuit, ces filles de mau-