Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/52

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rent de vapeurs malsaines. N’était-il point parjure ! Il avait regardé la fille de Chilpéric et en la conduisant il suivait trace royale ! Sa chienne Méréra s’était noyée ! Qui la remplacerait jamais pour les portées à venir ? Leurs troupes de chiens représentaient toute leur fortune. Ils en vendaient au berger et aux chasseurs. Ils connaissaient l’art de les rendre invincibles à la course du loup… Cette fille ne pleurait pas, voilà pourquoi ses regards verts contenaient un poison mortel. Les larmes retombaient en elle pour empoisonner son sang et celui des hommes. Il la sentait confusément coupable malgré sa misère.

La tempe collée aux barres de bois du chariot, Basine songeait, là bas, enveloppée de ses cheveux. Elle avait arrangé son suaire en tunique décente, ses menus bras sortant par deux déchirures et ils restaient, ses bras si minces de fille épuisée, la seule nudité de sa personne. Oh ! Ces bras blancs, ronds d’une rondeur mouillée, glissante, de couleuvre blanche ! Dans la nuit, elle paraissait bien plus grande et plus grave que son âge. On ne voyait que le rictus de sa bouche, non plus le sourire de ses dents enfantines, pourtant pointues comme celle des loups ou des jeunes chiennes.

Elle priait peut-être.