Page:Rachilde - Le Meneur de louves, 1905.djvu/99

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Harog redescendit sur la terre, sentant un vent froid l’effleurer. Jeune et fort, mais impressionnable comme un homme et non vertueux comme un ange, ses cheveux se mouillèrent d’une sueur d’angoisse. Son visage pâle, transfiguré par le bonheur, s’assombrit en se baissant vers le sol tout grisonnant des moisissures des pierres sépulcrales, ses prunelles ardentes se ternirent d’une buée, tout l’importuna brusquement, car il possédait de farouches mouvements de chasseur et il brisa une liane qui frôlait ses jambes nues dans des lanières de cuir. Un serpent rampait sans doute par là. Il n’aimait guère ces animaux, dont il imitait cependant très bien les sifflements de rage.

— Basine, prends garde aux couleuvres qui rampent hors des tombes. Leurs morsures sont venimeuses bien qu’elles n’aient pas de quoi mordre. Veux-tu me suivre ? Veux-tu ta liberté ? Dans mes jardins à moi la terre ne mange pas les cadavres et les pierres ne se referment pas sur les corps vivants.

— La liberté ? répéta Basine.

Elle, la savante princesse qui connaissait tous les grimoires de l’Église et peignait si adroitement ses ordres sur les parchemins, ignorait la véritable valeur de ce mot.