Page:Rachilde - Le Parc du mystère, 1923.djvu/54

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audace, mon ardeur, mon succès même auprès des foules, l’émotion et l’enthousiasme que soulevaient parfois mes paroles, mon extrême jeunesse et les perspectives qu’elle ouvrait, me signalaient aux yeux de mes compatriotes comme un danger social, et à ceux de ma propre génération, comme un maître qu’il fallait supprimer dès le début ou subir, plus tard, irrémédiablement.

On me tendit mille embûches et nulle trahison ne me fut épargnée, Coïmbra était une ville essentiellement réactionnaire. Sa vieille et illustre Université était régie par des lois anciennes qui exigeaient, entre autres anachronismes, que tout étudiant nouveau prêtât serment de fidélité à l’Église catholique le jour même où il franchissait, pour la première fois, la fameuse Porte de Minerve où il était reçu à coups de poing et à coups de pied, — charmante habitude ! — par ses aînés. Libre penseur et homme libre, je me refusai avec une