Aller au contenu

Page:Rachilde - Refaire l’amour, 1928.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sa fatale visite, me descend jusqu’au cœur. Il n’est pas bon qu’un homme de mon espèce se mette à réfléchir. Je finis par me rendre compte qu’elle pourrait bien avoir raison. Nous avons exagéré chacun de notre côté ! Comment une femme revenue à la vie normale, la vie végétative de province, au calme de la vertu, pourrait-elle juger autrement cette période anormale de son existence où elle fut séduite, subjuguée par une violence qu’elle n’avait jamais… admise ? Elle est retombée sur elle-même comme l’écume de la cascade retombe en eau courante, puis dormante, le champagne mousseux se transformant en eau pure. C’est l’éternel malentendu. Pour se quitter bien, il faudrait ne se rien laisser à désirer. Or, moi, je la désire encore. Elle est encore la complémentaire de la couleur de mon amour ! Il ne fallait pas la laisser partir, j’aurais dû la chambrer, la séquestrer, au besoin, en face de son image et, comme chaque fois que je me trouve en présence d’une énigme, je me suis employé à l’obscurcir, j’ai laissé agir la fatalité, plus par orgueil que par dépit. Ni adresse, ni référence d’aucune sorte. Je ne peux pas lui écrire, je sais très bien qu’elle n’est pas retournée à son ancien logis. Je subis le supplice de l’incognito. Ça m’est égal pour Bouchette. Ça m’exaspère au sujet de Pauline