Page:Radiguet - Souvenirs, promenades et rêveries, 1856.djvu/28

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parure de granit ciselé[1]. Au pied des montagnes qui bornent l’horizon au sud-est, une longue bande de brouillards indiquait le cours de la rivière d’Elorn et venait aboutir à la tour féodale de la Roche-Morice, nid de vautours, hanté jadis, suivant un naïf et véridique historien, par des francs seigneurs, qui fondaient sur la route voisine pour rançonner les passants et enlever leurs femmes quand elles étaient jolies. Enfin, sur les grands chemins fauves et dans les sentiers creux qui convergeaient à Saint-Éloi, l’on voyait arriver, soulevant à flots la poussière, des chevaux de différentes races et de toutes les couleurs, ceux-ci débonnairement attachés par la queue en longues files, ceux-là conduits par des cavaliers assis les deux jambes pendantes sur le même flanc ; d’autres, plus intraitables, l’œil en feu, le crin échevelé, l’allure inquiète, inondés de sueur, s’avançaient frémissants sous la permanente menace du bâton levé de leur conducteur, et venaient grossir autour de l’église des groupes tumultueux où le bruit des sabots qui martelaient le sol s’unissait à des fanfares de hennissements.

Ce concours de bêtes de somme était causé par l’attente d’une messe annuelle destinée à faire descendre les faveurs de saint Éloi sur les chevaux présents à sa célébration. —

  1. Cédant à des demandes réitérées, le conseil général du Finistère a voté quelques sommes qui ont été employées, dans l’église du Folgoët, à certaines réparations urgentes. — Le maire de Ploudaniel, M. le marquis de Coëtlogon, animé d’un triple zèle d’artiste, de Breton et de chrétien a publié sur le Folgoët un travail consciencieux et intéressant, qui contribuera, il faut l’espérer, à faire connaître les titres de ce monument à la sollicitude de l’administration.