Page:Ramuz - Joie dans le ciel.djvu/27

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à coup, il s’est mis à pleurer. Je n’ai eu qu’à ouvrir mon caraco ; il s’est tu, Je continuais d’être heureuse. Il se faisait un mouvement doux dans sa bouche, et un petit bruit aussi s’y faisait comme pour me dire merci. L’une de ses joues était plus rouge que l’autre ; tout son petit corps redevenait rond et se regonflait sous la peau. Plus rien que lui, parce qu’il était là, et plus rien que le bonheur de l’avoir, le voyant plein de force, et moi aussi j’étais pleine de force. Il a mangé tant qu’il a voulu ; ce n’était pas la nourriture qui manquait. Après qu’il a eu fini, il m’a regardée. Je me tenais penchée sur lui, et j’ai encore été heureuse un moment. Mais, parce que rien dans ce temps-là n’était durable, ce faux bonheur, lui non plus, n’a pas pu durer. J’ai revu mon malheur écrit sous la lune et mon malheur était