Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/169

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a ſucceſſivement brisé les chaînes, & qui exercent dans les villes les arts & le commerce ; d’un petit nombre de cultivateurs, qui ont la diſpoſition abſolue des foibles héritages que leur ont tranſmis leurs pères. La propriété de ces laboureurs, devient peu-à-peu la proie de quelque homme riche qui, par des avances intéreſſées, a favorisé leur pareſſe ou leurs profuſions.

Enfin la dernière claſſe de l’état, ſi l’on peut lui donner ce nom, ce ſont les eſclaves. Au commencement du ſeizième ſiècle, on n’en voyoit que peu, tous pris à la guerre. Les ſeigneurs poſſédoient alors des fiefs, & le peuple cultivoit des terres qui lui appartenoient. Un nouvel ordre de choſes s’établit, après la conquête de Cazan & d’Aſtracan. Ces belles & fertiles provinces attiroient ſi puiſſamment les payſans Ruſſes, que, pour arrêter une émigration qui devenoit générale, on publia en 1556, la loi rigoureuſe qui les attachoit tous à la glèbe. À cette funeſte époque, ils ceſſèrent d’avoir la propriété de leurs biens & de leur perſonne. Le joug s’eſt appeſanti depuis, & l’eſpèce humaine a été de plus en plus dégradée.